Comment la modernité qualifie « L’autre » dans le temps

Publié le par 問道

   Dans son rapport aux autres, la modernité, se montre quelque peut hostile. Ce qui ne correspond pas à l’idée moderne de la société et de l’humanité est qualifié de divers qualificatifs : archaïque, obscurantiste, réactionnaire, moyenâgeux. La société précédant l’émancipation marchande, qualifié par les historiens de « médiévale » est appelé par la société moderne « moyen âge ». C’était une organisation de la vie avec des structures, institutions et une logique bien particulière. La société était organisée en trois castes : ceux qui travaillent, ceux qui prient et ceux qui font la guerre. A la suite de l’établissement de l’empire de Charlemagne, ceux qui ont fait la guerre ont été récompensés en fiefs et en titres. Hériter d’un fief signifiait hériter des hommes vivant dessus, qui y travaillent. Ils y contrôlaient les instruments de production agricole (moulins par exemple).

   Régulièrement, le paysan devait travailler sur les terres personnelles du suzerain (« régulièrement » autrefois, tout le temps hors-sommeil aujourd'hui). Ils exploitaient les paysans en échange de sa protection contre les attaques d’autres groupes armés. Cela leur donnait droit de vie et de mort sur leurs vassaux. Les artisans étaient organisés en guildes ou en corporations. Pas d’ascension sociale, mais une place dans la société assurée pour les jeunes. Le but d’un artisan n’était d’ailleurs pas de produire ou de s’enrichir, mais de fabriquer un « chef d’œuvre », c'est-à-dire le plus bel objet possible, l’aboutissement de l’art de son auteur. Le système était stagnant, pas de culte du passé, ni du futur, juste la vie et l’ordre présent. C’est néanmoins durant cette période, s’agite les premières idées modernes et les premières aspirations au contrôle social et culturel.

   Concernant la culture dominante, elle était le fait de ceux qui prient. La morale, la pensée, tournait autour de la religion chrétienne et les clercs avaient un pouvoir considérable. Les souverains allaient s’agenouiller aux pieds du pape. Les territoires étaient quadrillés par les églises et divisées en paroisses. Le travail et la société n’étaient pas des marchandises et l’économie était moins importante. Ainsi, dans une année de 365 jours, il y avait 150 jours où l’on n’y travaillait pas. La prière, la guerre et les arts étaient des activités considérés comme plus importantes que le commerce. La première puissance de l’époque, n’était ni les banques, ni les entreprises automobiles, ou de nouvelle technologie, ni de divertissement, ni l’Etat, c’était l’Eglise.

   C’est ce qui dérange le paradigme moderne avec le monde médiéval. Non pas qu’il y ait des structures de domination ou d’endoctrinement, ni d’exploitation, mais que ce n’était pas le commerce (et ses tenants) qui soit le maître de ces structures. Aussi, les techniques de surveillances et de contrôle n’étaient pas aussi développées. Vivre en ermite en forêt était possible, la nature n’a pas encore été confisquée (ou marchandisée ni nationalisée). L’information était plus lente, avant que l’autorité sache ce qu’il se passait dans un village, il se passait du temps etc. le contrôle n’était pas aussi serré qu’aujourd’hui et la servitude volontaire pas aussi ancrée qu’aujourd’hui.

   Il faut, vis-à-vis du monde médiéval, rendre justice : c’était une autre société particulière, ni inférieur ni moins bien que le monde moderne. Il nous serait difficile d’y vivre, car après tout, nous sommes des gens moulés par notre époque et notre société. Mais elle n’était pas insupportable pour ceux qui y vivaient. Tout simplement, il y avait les côtés qui nous seraient séduisants, et d’autres repoussants. (Ceci dit, les professeurs d’histoire médiévale n’aident pas à rendre justice à cette époque, j’en connais qui ne sont que de médiocres créatures à la nature non identifiable). La modernité dénigre ce temps, comme pour montrer sa supériorité et la chance que nous avons de vivre à la bonne époque, dans la bonne société. Il s’agit de nous faire peur sur une éventuelle « autre chose », un « imaginable possible », qui ne peut-être concrètement que ça.

Publié dans Modernité

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