王夫之 Wáng Fūzhī : un homme de son temps

Publié le par 問道

   Témoin de son temps, son œuvre et ses réflexions ne consistent pas en une simple méditation et étude à l’écart du monde qui l’entoure. Homme d’action, 王夫之 Wáng Fūzhī traverse une époque charnière dans l’histoire chinoise. Les événements qui se déroulent durant sa vie le marquent très profondément et influenceront son œuvre.

 

1/ La Chine de son temps : chute de la dynastie 明朝 Míng cháo (1368-1644)

1011355.jpg   L’enfance et l’adolescence de 王夫之 Wáng Fūzhī se déroule durant les dernières années de la dynastie Ming. Dynastie dite de « restauration nationale », après avoir chassé les Mongols de la dynastie Yuan. Le nouveau fils du Ciel, 朱元璋 Zhū Yuánzhāng, devenu 洪武 Hóngwǔ (1368-1398), organise l’Etat autour de son pouvoir personnel et oppose ses hommes, eunuques et les guān (les mandarins). Court-circuitant systématiquement les institutions, l’empire, d’un règne à l’autre, finissait par décliner et sombrer dans une espèce de gabegie. La corruption gangrénait les institutions, les eunuques formaient une sorte de police politique contre les fonctionnaires et faisaient régner la terreur au sein de la cité interdite. De même, le fils du Ciel, à partir du règne de 宣德 Xuāndé (1425-1435) perdait en pouvoir et en charisme, et se retrouvait lui-même, otage du système institué par 洪武 Hóngwǔ. Dans le principe, il est possible pour un mandarin d’appliquer son devoir de remontrance auprès de l’autorité. En effet, en principe, la tradition de 孔夫子 kǒng fū zǐ (551-479 Av. J.C)(Confucius)  aussi bien sa biographie que le 論語 Lún Yǔ, dit qu’il est un devoir pour le lettré de remettre un souverain à sa place s’il s’éloigne des règles de vertu. Plus tard, 孟子 Mèngzǐ, justifia le régicide, dans le cas ou le souverain ne se montre pas digne d’être un souverain. Si le Fils du Ciel est en dehors du cadre législatif, légalement intouchable, il est moralement, en revanche soumis au devoir de vertu, de part sa position dans la société. Dans le cadre de la civilisation chinoise, qui place la vertu et la morale au dessus du principe de loi, cela peut s’avérer d’un contre-pouvoir redoutable. Il fut même, toujours dans le principe, possible aux citoyens de s’opposer à l’administration locale, auprès de l’empereur, en envoyant mémoire et pétition. Mais dans les faits, l’organisation de l’Etat et son fonctionnement fit que les chances qu’une pétition de simple sujet n’avait que très peu de chance d’aboutir. En revanche, les derniers empereurs 明朝 Míng cháo étaient l’objet de violentes attaques de ses fonctionnaires, sur leur lacunes en matière de moralité et de responsabilité.

   A la fin de la dynastie, les empereurs étaient de plus en plus critiqués par leur administration et de plus en plus violement. Le règne de 萬曆 Wànlì (1572-1620) s’avère catastrophique. Il ne trancha pas durant les oppositions entre factions de lettrés, qui se multipliaient. L’Etat se retrouvait ainsi affaiblit. De plus, le système mis en place par l’empereur fondateur de la dynastie semblait favoriser la culture des factions et de la partisannerie. Le système autocratique commençait à être sévèrement remis en cause. Après la mort de 萬曆 Wànlì, durant le règne de 崇禎 Chóngzhēn (1627-1644), la situation économique et sociale va en se dégradant. Mauvaises récoltes et sécheresse provoquent dans le Shaanxi des troubles chez les paysans et les soldats non ravitaillés. Le désordre fait tache d’huile et en 1629, le gouvernement, manquant de ressources, prend des mesures d’austérités, suscitant un aggravement des troubles. Vers 1636, alors que les troubles ont pris les provinces du centre, du nord et nord ouest, 李自成 Lĭ Zìchéng (1606-1645) les unifie en un mouvement sous son commandement. Son mouvement gagne en ampleur jusqu’en 1644 ou il prend Beijing et renverse la dynastie 明朝 Míng cháo. Suite à cet évènement, le chef de l’armée du nord-est, faisant face à l’avancée Mandchou, s’allie avec ses adversaires contre 李自成 Lĭ Zìchéng. Une autre révolte, d’une autre nature, celle de 張獻忠 Zhāng Xiànzhōng (1606-1647) a lieu. Alors que 李自成 Lĭ Zìchéng au nord mobilisait les petits commerçants et propriétaires, l’équivalent de la classe moyenne d’aujourd’hui, et faisait œuvre d’administrateur, 張獻忠 Zhāng Xiànzhōng massacrait systématiquement tout ceux qui n’étaient as pauvre et détruisait les richesses. Alors que les envahisseurs Mandchous avançaient, les révoltes chinoises s’occupaient à combattre un pouvoir déjà tombé et, la situation de violence terrorisant les familles et les paysans, ceux qui livraient les deux leaders aux Mandchous.

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