王夫之 Wáng Fūzhī conclusion

Publié le par 問道

   Homme d’une époque charnière dans l’histoire de la Chine, il vécu la fin d’un monde, qui malgré les apparences, continue sa descente aux enfers. Il prit part à ces tragiques événements mais dut se résigner quand à l’efficacité de l’action politique. Il prit alors part d’une autre façon, semblant s’adresser aux lecteurs à venir et cherchant, isolé, de refonder et régénérer sa civilisation et la libérer. Isolé, il mena une vie  d’homme libre, vis-à-vis des Mandchous, mais aussi de son activité, ne sombrant pas dans la vanité de l’intellectuel qui croit que le monde tient dans ses mots. Cependant, il écrivait, et exprimait sa haine des envahisseurs, mais également sa pensée. Rejetant le langage comme vulgaire artifice humain, il basait sa pensée sur l’observation des phénomènes naturelles, là ou d’autres se basent sur le discours.

   Alors que les sciences modernes ont bousculées les thèmes classiques de la philosophie occidentale, qui croyait poser des questions et trouver des réponses universelles, la pensée de 王夫之 Wáng Fūzhī s’en retrouve confortée. A notre époque de crise écologique qui va en s’aggravant, il convient de remettre en cause la pensée grecque qui dévalorisait la nature pour son imprécision et son inexactitude, exaltant la raison. Le monothéisme fait de la nature la création d’une entité très humaine, dans son comportement et ses actions, qui confie l’exploitation et même la propriété de celle-ci aux hommes. 王夫之 Wáng Fūzhī dit une chose que les sciences modernes semblent confirmer, que dans la nature, l’ordonné et l’aléatoire participent du même phénomène et sont dans la nature. C’est cette nature qui lui sert de modèle pour ensuite penser la nature humaine et la société. Cela puisque les hommes sont de la nature et dans la nature, même si, ils ont la capacité d’apprendre. C’est cependant le milieu naturel qui fait l’homme et non l’inverse.

   Dans son rejet du cosmopolitisme, il comprit, deux siècles avant 孫逸仙 Sūn Yìxiān (Sun Yat Sen en cantonnais) que l’universalisme d’une civilisation ne fait que porter préjudice aux autoproclamés universels et aux gens qui doivent se mouler au modèle universel. Toujours dans la logique de se servir de la nature comme base de réflexion, il explique son rejet du cosmopolitisme et du métissage par la diversité des mondes, des milieux et l’adaptation des hommes a ces milieux engendrant de fragiles et vivant équilibres culturelles. S’il haïssait les Mandchous et les autres peuples des steppes qui ont envahis la Chine dans l’histoire, il leur reconnaissait un modèle d’existence à nul autre pareil et la légitimité de leur mode de vie, chez eux.

   Un homme pas facile à comprendre et cerner pour l’esprit occidental moderne, à l’esprit forgé par la doxa contemporaine. Cependant, un penseur très profond et intéressant à étudier pour sortir du formatage et surpasser notre temps et nos erreurs.

 

A lire : Jacques Geret, La raison des Choses Essai sur la philosophie de Wang Fuzhi (1619-1692), édition Gallimard, Paris, 2005

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