Les principes d’une idéologie totalitaire

Publié le par 問道

   Premier pilier du totalitarisme, le dogme, vérité absolu qu’il faut croire et ne surtout jamais remettre en cause. Créer un dogme consiste à inventer, fabriquer une vision du monde propre et particulière qui non seulement doivent s’imposer sur tous, mais aussi, jusqu’à faire disparaître toute contradiction dans l’esprit des croyants. Le dogme se fiche complètement de la réalité concrète du monde des humains, qu’il s’agisse de ses rapports avec son environnement ou des rapports entre les êtres humains. La « vérité » dans l’idéologie ne vient pas de l’observation de l’idéologue ou théoricien, qui ensuite raisonne un point de vue pour en sortir une observation, un enseignement ou une méthode d’apprentissage, mais, du désir rigide d’un maitre à penser qui explique comment doit-être le monde idéal, l’humanité idéal de son point de vue, celui-ci devenant un absolu. Il ignore également les finesses et les nuances, décrivant un monde simple, ou simpliste, facile à comprendre pour les esprits peu éduqués ou inexpérimentés. Ce sont d’ailleurs ces esprits qui sont le « cœur de cible » de l’idéologie, le marché cible : les esprits peu-éduqués, naïfs et jeunes, inexpérimentés, ne connaissant pas ou très peu l’histoire, n’ayant pas fait pousser en eux l’esprit critique. L’idéologie s’adresse aux gens à l’esprit angoissé qui sont persuadés d’avoir besoin de certitudes pour être rassurés, mais qui au final, finissent plus angoissés que rassurés (fanatisme, bigoterie). L’idéologie se nourri de gens aussi désespérés et énervés que son fondateur.

   L’idéologie, c’est d’abord un texte, un discours, mais l’intérêt de ce genre de discours, c’est qu’ils sont à tiroirs, c'est-à-dire que les mots employés ne signifient pas forcément le sens que l’on y colle. Un discours idéologique ne veut jamais le mal de tous, bien au contraire, il parle de choses qui touchent le cœur des hommes : la paix, l’amour, le Bien, le bonheur, l’ordre, la fierté, le partage, la richesse… des thèmes qui donnent envie d’y croire. L’esprit naïf lisant un texte qui lui parle de toutes ces choses qu’il désir y adhère de façon inconditionnelle, croyant que les mots lus ou entendus n’ont pas de sens cachés. Mais en fait, ces mots n’ont de sens que dans le cadre, souvent étroit, du paradigme de son auteur ou fondateur, qui n’est qu’un homme, mais qui veut imposer ses vues parce qu’autoproclamés universels. L’idéologie emploi donc le langage de la vertu, du bien être des hommes, mais agit en fait sur les cœurs, les sentiments, frustrations, les peurs, il appuie là ou ça fait mal, cultive les peurs et se présente comme alternative à l’angoisse. L’idéologie, reprend toujours à son compte le terme du paradigme de ce qu’il prétend combattre, de même que ses « valeurs » et objectifs, à son compte, juste réforme la méthode pour y arriver, une méthode issue des idées du maître à penser, qui devient maître tout cour, au-delà de sa date de décès, puisque sa construction intellectuelle et morale devient le dogme au pouvoir dans le groupe. En fait, dénonçant tantôt le mensonge de l’ordre établit, son immoralité et même, son archaïsme, il reprend de fait les mêmes fondements, mensongés, immoraux et archaïques. Le sens des termes vertueux prônés par le discours idéologique pour séduire est en fait toujours conditionné au but ultime de l’idée : recréer le monde pour le rendre convenable, quel qu’en soit le prix à payer !

   Dans le discours idéologique, le but ultime porte un nom précis, clair, net et figé. Le but ultime, quel qu’en soit les époques, reste le même, la définition des termes utilisés dans le discours restent figée, dans la définition simple et souvent simpliste des choses. Cependant, si le terme est précis et marqué dans la pierre, le but à atteindre reste vague. Il est important que ce but, précis dans le nom, reste vague dans sa définition afin de laisser le but à atteindre vague, permettant de laisser l’homme dans l’inconnu de sa situation, brouillant sa vision de ce qui peut-être moral ou immoral, permettant ainsi de justifier tout les actes destructeurs ou violent à l’égard de l’objet de détestation du dogme (et donc de son concepteur). Cela facilite ainsi le discours du pouvoir, avec des mots précis qui ne veulent pas dire grand-chose, auprès de la peuplade non éduqué qui ne comprend rien à ce qui lui est raconté, mais dont l’esprit se trouve imprimé des slogans, termes et discours. S’en suit un mécanisme de fascination entre l’illettré persuadé de ne rien savoir, d’être un idiot et le détenteur du monopole de la parole, qui semble lui, omniscient, éduqué et même, érudit en toutes sciences et cultures. Le premier ne connait de ce paradis que le mot, le maître connait le chemin à suivre pour y arriver et en quoi il consiste. Il parle d’une sorte de merveilleux but intouchable, soit après la mort, soit toujours à l’avenir, mais qui est cependant toujours à porté de main, à force d’ordres et d’efforts : il s’agit de suivre la voie tracé par le guide idéologue, la communauté conduite par le leader. En effet, à quoi servirait les détenteurs du pouvoir, les élites du système, qui doivent leur légitimité à leurs compétences pour guider les hommes vers ce « merveilleux but », une fois ce paradis atteint ou consacré ? Cette élite au pouvoir doit justement sa place à la non-réalité concrète de ce but à atteindre, leur pouvoir, tiens sa légitimité par l’entretien de cet idéal mythique dans les oreilles et l’esprit des gens, qu’il faut savamment maintenir entre l’imminence de sa consécration et la permanence de leur difficile condition de souffrance.

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